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Une ancienne assistante d’Albert Thomas nous raconte la « Wende »

Par admin albert-thomas, publié le mardi 12 novembre 2019 08:14 - Mis à jour le mardi 12 novembre 2019 09:35
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Une ancienne assistante d’Albert Thomas nous raconte la « Wende1 »

Peggy Seidel est née en 1979. Elle est née « drüben », c’est-à-dire de l’autre côté du mur, à l’époque de la RDA (République Démocratique Allemande). En 2004, elle vient à Roanne pour effectuer une année comme assistante au lycée Albert Thomas. Elle ne quittera alors plus la France, passant avec succès plusieurs diplômes, et renouvelant une année d’assistanat dans notre établissement pour notre plus grand plaisir. Aujourd’hui mère de deux enfants, elle s’est installée à son compte comme traductrice dans la région roannaise.

 

DS : Bonjour Peggy, nous nous sommes connues il y a 15 ans maintenant. À l’époque, tu représentais vraiment l’exotisme pour les élèves et pour moi-même, car tu venais de l’Est de l’Allemagne…

Peggy Seidel : Oui effectivement, mais à l’époque on ne parlait plus de RDA car l’Allemagne était réunifiée2.

DS : Et d’où viens-tu exactement ?

Peggy Seidel : Je suis originaire de Saxe, et plus exactement de Chemnitz, ville qui s’appelait à l’époque Karl-Marx-Stadt.

DS : Tu étais très jeune à l’époque de la chute du mur. Comment l’as-tu vécue ?

Peggy Seidel : Oui bien sûr. Je n’avais que 10 ans à l’époque, mais je me souviens des semaines qui ont précédé ainsi que de celles qui ont suivi. Dans l’été 1989, on sentait qu’il y avait des tensions et qu’il se passait quelque chose. La frontière entre la Hongrie et l’Autriche avait été plus ou moins ouverte, et de nombreux citoyens partaient en Hongrie pour passer de l’autre côté du rideau de fer. Du coup, en septembre 1989, le gouvernement ferma même la frontière avec la Tchécoslovaquie, car il ne voulait plus que les gens s’enfuient. On ne pouvait plus aller nulle part.

Quand le mur est tombé, je suis allée de l’autre côté avec mes parents et j’étais éblouie par toutes les couleurs : les magasins de jouets, les étals de fruits et légumes, les bonbons et les supermarchés où les produits étaient à profusion.

DS : As-tu gardé des souvenirs de l’époque d’avant la chute du mur3 ?

Peggy Seidel : Je me rappelle que parfois, il y avait de longues files d’attente dans les magasins car on ne trouvait pas toujours tout ce qu’on voulait, et quand il y avait un arrivage de bananes ou d’oranges, tout le monde faisait la queue. Je me souviens aussi des programmes de télé, on captait les programmes de l’Ouest où on voyait par exemple toutes les publicités pour des produits inaccessibles, mais aussi certaines séries américaines que tout le monde regardait en cachette.

DS : Après la chute du mur a donc commencé une riche période pour toi ?

Peggy Seidel : Pour moi, c’était surtout une période de changement complet. Tout ce que j’avais appris à l’école avant, notamment en histoire-géo, n’était plus valable. Tout ce que nous devions réciter par cœur était faux en quelque sorte. Nous avons dû nous adapter très vite au nouveau système et cela a été parfois très compliqué. Mes parents, comme beaucoup d’autres, ont perdu leur travail et sont passés par des moments assez difficiles. Je pense qu’à certaines périodes, ils se sont sentis exclu des avancées politiques et sociales. Avant, ils n’avaient pas le droit de voyager, après, ils n’avaient pas l’argent…

DS : Merci beaucoup, Peggy, pour ce témoignage. Serais-tu prête à venir rencontrer les élèves d’Albert Thomas pour leur faire part de ton expérience ?

Peggy Seidel : Avec plaisir !

Article transmis par Mme Sadowski.

1 : la « Wende » : le tournant, le changement

2 : Réunification des 2 Allemagnes le 3 Octobre 1990

3 : Le mur a été érigé le 13 Aout 1961 et est tombé le 9 Novembre 1989